LE RSA, un CDD de survie, pas un CDI à vie

Tribune parue dans le journal la Tribune le 11 mai 2023

A sa création en 2008, l’idée était louable : lutter contre la grande pauvreté et aider à l’insertion sociale des bénéficiaires. 15 ans plus tard, l’échec du RSA est patent. « A défaut d’un engagement fort de l’ensemble des acteurs, le RSA risque d’évoluer vers une simple allocation de survie, marquant l’échec des ambitions affichées lors de sa création » (cour des comptes 2022). Il est venu le temps des droits et des devoirs.

Les chiffres sont têtus. La grande pauvreté croît chez les jeunes de 25 ans et plus : 1,3 million de bénéficiaires du RSA en 2008 et presque 2 millions en 2022. Sans compter les 30% qui pourraient être éligible à cette allocation mais qui ne le savent pas. Si la tendance de cette augmentation de 53% s’est atténuée après le Covid, elle ne saurait gommer la réalité du quotidien : « Une atteinte insuffisante du public cible, laissant subsister des situations de précarité et d’exclusion ».

Le deuxième pilier du « grand frère » du RMI n’est pas plus réjouissant. La promesse d’encourager le retour à une activité professionnelle a fondu comme neige au soleil.  7 ans après son entrée au RSA, seul un tiers des bénéficiaires en est sorti, et seul un tiers est en emploi stable.

A cela trois raisons majeures -sans généraliser le propos, avec discernement j’insiste- : une allocation entre 600 et 1300 euros sans réelle contrepartie, ni formalisée, ni sérieusement contrôlée ; une faiblesse de l’accompagnement ; un accès difficile à l’emploi qui compromet la promesse centrale du dispositif de faire des revenus du travail le principal rempart contre la pauvreté.

Comment en vouloir à ces Français de classe moyenne qui nous récitent chaque jour le poème sur « l’intérêt de rester chez soi plutôt que d’aller travailler » ? On ne peut leur donner tort. Aujourd’hui encore, un bénéficiaire du RSA qui peut bénéficier des réductions de taxes, de la réduction sociale téléphonique, des aides locales ou de l’allocations logement … cumule un total de subsides qui se rapproche ou peut dépasser le salaire d’un travailleur au SMIC sur le terrain. L’incitation au travail n’y est pas.

Comment en vouloir à ces Français de classe moyenne qui nous récitent chaque jour le poème sur « l’intérêt de rester chez soi plutôt que d’aller travailler ». On ne peut leur donner tort. Aujourd’hui encore, un bénéficiaire du RSA et de l’allocation retour à l’emploi gagne d’avantage en restant chez soi qu’un travailleur au SMIC sur le terrain (1489 euros contre 1329 euros).

Que dire de la fraude qui en découle. Le RSA est le dispositif social le plus fraudé. Entre les omissions frauduleuses et les fausses déclarations, le montant est estimé à 350 millions d’euros.

Il est venu le temps du contrat gagnant/gagnant, le temps de la réciprocité entre les droits et les devoirs. Ici comme ailleurs. C’est le sens des mesures annoncées. Une contrepartie de 15 à 20h par mois autour de formations professionnelles, accompagnement vers un logement, travail dans des collectivités…. Avec un meilleur accompagnement et un contrôle systématisé, sanctions à la clé pour les contrevenants : de la suspension à la suppression des indemnités (là encore avec discernement).

La mise sous respiration artificielle de 15 milliards d’euros par l’Etat chaque année -coût du RSA- n’a malheureusement jamais débouché sur un meilleur bulletin de santé de ceux qui appliquaient ou feignaient d’appliquer le traitement. Mais elle continue de creuser son déficit…

Le R de Revenu est le fruit d’un travail, le A de Active est le contraire de passive. Le RSA doit rester un CDD de survie et non un CDI à vie. Elle est là la justice et la justesse sociale que notre pays doit désormais insuffler.

Hommage : On a tous quelque chose en nous de Bernard Tapie !

8H40, ce dimanche 3 octobre 2021, Bernard Tapie vient de délivrer son dernier souffle. Les dépêches défilent à la vitesse de la lumière sur les portables. Il faut se pincer pour y croire, tellement l’homme d’affaires a banni la mort et encensé la vie depuis toujours. Son dernier combat exemplaire contre la maladie – jour après jour depuis 4 ans- avait conquis le cœur des Français, comme Basile Boli avait fait tourner la tête de son président adoré en 1993 pour offrir à l’OM la Coupe aux grandes oreilles. Bernard Tapie, c’était la faim de vie. Et notre premier héritage de cet homme « extra » ordinaire.

Depuis ce matin, c’est la gueule de bois sans avoir bu, c’est la peine qui nous mord sans nous lâcher. Nous n’étions pas des « proches » de Bernard Tapie mais il était proche de nous. Par sa gouaille, ses saillies, ses colères, sa vision, ses incroyables réussites et ses énormes emmerdes. Tapie, il parlait, tu l’écoutais. Tapie, on a grandi avec, c’est notre vie : la chanson, les cours de gym tonic, Terraillon, les piles Wonder, Adidas, la Vie Claire, Bernard Hinault, et Greg Lemon, le ministère de la ville, la Ligue des Champions, Marseille, les procès … et le cancer !

Mais Bernard Tapie, c’était une vision d’abord. Pendant la crise des gilets jaunes, j’avais eu l’occasion d’échanger avec lui dans les loges de BFM. Début 2019. On se relayait les uns les autres sur les plateaux télé semaine après semaine pour commenter les ronds-points et les actes dégueulasses des extrémistes qui pourrissaient la France. Lui m’avait dit : « Ce n’est pas la peine de tortiller. Les Français, qu’est-ce qu’ils veulent ? Ils veulent qu’on leur remplisse leur frigo. Ca s’appelle du pouvoir d’achat. C’est quand même pas compliqué merde ! ». Du Nanard dans le texte. La maladie commençait à le ronger. Il la snobait. Elle glissait sur lui. Et il jubilait à distiller ses conseils, à partager la force de la vie.

« Ne cherchez pas à tout coût à réussir dans la vie mais battez vous pour réussir votre vie, c’est le plus important! ».

Et ses quatre dernières années auront finalement été le reflet de la sienne. Du combat, encore du combat, rien que du combat. Et l’amour de l’autre. A commencer par sa famille. Sa raison de vivre. Tous les mois ou presque je prenais plaisir à diffuser des messages sur Bernard Tapie sur les réseaux. Parce que je l’aime tout simplement. Je crois à la force de l’esprit. Et la semaine dernière encore. Toujours des ondes positives.
Il y a une petite année, je lui avais proposé de préfacer mon prochaine ouvrage qui commençait à germer (sortie décembre 2021, Balland): « Ce beau pays qui est le mien ! ». Bernard Tapie a toujours eu foi en la France. Il ne l’a jamais quittée. Il s’est battu pour elle. Il en était fier. Entre deux soins, il m’avait gentiment répondu : « Merci d’avoir pensé à moi. Voyons ça plus tard si vous le voulez bien ».
Cette préface ne sera pas une préface. Ce sera un hommage posthume. On a tous quelque chose en nous de Bernard Tapie !

Karl OLIVE

Se faire vacciner est un acte républicain !

Alors que le débat sur la vaccination obligatoire des personnels soignants agite les milieux hospitaliers et médiatiques, c’est en fait toute la population Française qu’il faut vacciner, et d’urgence !

La stratégie vaccinale menée en France a malgré tout porté ses fruits : plus de la moitié de la population a reçu au moins une dose, ce qui nous place au même niveau que nos voisins Suisse, Espagnols ou Allemands, devant la Suède et loin devant le Japon par exemple ! Mais on sait que ce n’est pas suffisant et la pression portée par des variants au taux de transmissibiltié élevé impose aujourd’hui à chacun de prendre ses responsabilités.

D’abord, le principe républicain d’Egalité invite à lutter contre les inégalités territoriales. Le taux de vaccination global en Seine-Saint-Denis par exemple, est significativement plus bas que celui de mon département des Yvelines, et ce n’est pas acceptable. Il faut donc lancer des initiatives disruptives pour offrir à tous, par exemple à ceux qui travaillent en horaires décalés, un égal accès à la vaccination. C’est ce que nous faisons à Poissy en organisant des soirées de vaccination en marge des soirées foot de l’Euro ou encore des festivités du 14 juillet.

Néanmoins, pédagogie et « pression amicale » ne suffisent plus et au rythme de vaccination actuel il sera difficile d’obtenir avant la fin de l’été un taux de couverture vaccinale qui assurerait une immunité collective suffisante pour contrôler l’épidémie, taux d’immunité collective qu’on estime à 80 % de la population totale. Si on veut revenir à une vie normale, l’immunité collective devient un objectif impérieux. Il en va de notre Liberté.
 

« Quand tout est gratuit, plus rien n’a de valeur ! »   

Nous devons nous doter de nouvelles armes pour lutter contre le virus qui nous menace le plus : « l’hésitation vaccinale » ! Cette posture, souvent idéologique, parfois complotiste, est irresponsable. Le trouble qu’engendrent certains débats fumeux perturbe souvent les populations les plus fragiles, mais aussi les plus hésitantes. Il nous faut de la pédagogie encore et encore, sans trembler.

L’hésitation vaccinale s’appuie aussi sur un paradoxe Français, qui nous honore souvent, mais dont l’effet pervers constitue aujourd’hui un frein dangereux : quand tout est gratuit, plus rien n’a de valeur. Savons-nous combien coûte un test PCR ? En Espagne, se faire tester coûte jusqu’à 160€, et il en est ainsi chez la plupart de nos voisins européens. Le coût en Suède peut même atteindre les 300€ ! En France ? Gratuit ! Le chameau ne voit donc plus sa bosse et l’Etat apparaît comme un puits sans fonds. Mais tout se paye !

Les tests PCR coûtent 250 millions d’euros par mois à la France ! Pour voyager, pour aller au stade ou à un concert, à quoi bon se faire vacciner puisqu’il suffit d’un test PCR gratuit ? La mise en place du pass’ sanitaire a entrainé une nette augmentation des tests de dépistage, renouvelables à l’envi. Le pass sanitaire, que je défends, a paradoxalement détourné de nombreux Français de la vaccination, tel que l’a noté l’Académie nationale de médecine dans un communiqué alarmant le 23 juin dernier. Mais si en plus d’un ticket de concert à 100€ il faut payer 100€ son test PCR, certains vont vite comprendre l’intérêt de se faire vacciner. Par la raison ou par la forte pression, je l’assume et le revendique, il faut inciter vraiment à se faire vacciner ! S’ils ne veulent pas le faire pour eux, qu’ils lèvent le menton sur le parvis de leur mairie et retrouvent le sens de la Fraternité ! L’économie Française et le moral de bon nombre de nos concitoyens ne pourront peut-être pas se payer un quatrième confinement.

D’aucuns voudraient que le fait d’imposer la vaccination soit anti-démocratique. Ne considérons pas les évidences médicales et parlons donc de morale politique. Anti-démocratique ? C’est tout le contraire, nous venons de le voir. Aux noms de la Liberté, de l’Egalité et de la Fraternité, se faire vacciner est désormais un acte républicain !

De l’urgence de sacraliser l’autorité de l’Etat !

En ce vendredi 23 avril 2021, la France se lève la tête dans les étoiles avec l’extraordinaire Thomas Pesquet et sa conquête spatiale. Cap Canavéral, décollage, capsule, station internationale, le rêve absolu. Fierté mondiale. Mais quelques heures plus tard, début d’après-midi, retour sur terre non contrôlé pour les Français. Innommable. Torpeur. Sidération. Stéphanie, fonctionnaire de police de 49 ans, mère de deux enfants, est égorgée dans son commissariat de Rambouillet, paisible et magnifique ville du Sud-Yvelines.

Acte terroriste islamique. Encore un. Mois après mois, année après année, la liste des victimes s’allonge, se ramasse à la pelle, comme des feuilles mortes. La France, patrie des droits de l’homme, terre des libertés, est abimée. Nice, Saint-Etienne-du-Rouvray, Magnanville, Conflans, … notre pays est cabossé. Comment restaurer l’autorité de l’Etat qui fond comme neige au soleil, comment la légitimer, comment la ré-identifier avant de la stabiliser ?

Ne comptons pas sur les partis politiques de quelque bord que ce soit pour s’accorder à en dessiner les contours. Incapables les uns les autres de partager en de telles circonstances une concorde nationale pour soutenir nos forces de police comme un seul Homme. La Gauche idéologique est muette comme une carpe, les Verts font l’autruche en poursuivant leurs investigations pour remplacer les voitures de police par des vélos, la Droite fait l’anguille en réclamant plus de moyens, feignant de rappeler qu’elle a supprimé dix mille policiers lorsqu’elle était aux affaires. Quant à la France Insoumise et l’extrême droite, ces partis qui ne sont jamais aussi proches l’un de l’autre qu’en temps de crise, ils rendent leur devoir sur table : le concours Lépine du « Yaka Fokon ».

C’est pourtant par l’union sacrée de tous les Français que nous ré-institutionnaliserons l’autorité de l’Etat.

Devoir de mémoire. L’article 3 de la Déclaration des Droits de l’Homme de 1789: tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne. Oui, la sécurité est la première de nos libertés. Nul ne saurait l’oublier. Qui l’incarne ? Nos policiers nationaux et municipaux, nos gendarmes, nos militaires. Nous avons non seulement le devoir de respecter mais également de sacraliser les dépositaires de l’autorité publique, comme elle peut exister dans les pays anglo-saxon. « Don’t touch ! ». Ce n’est pourtant pas ou plus le cas.

Laxisme et impunité

A l’issue du procès des policiers brûlés vifs à Viry-Châtillon, le verdict rendu la semaine passée a de quoi étonner. 8 condamnés, 5 acquittés! Quel message pour les victimes ? Quel message pour les coupables ? Quel message pour les Français nourris dès le berceau au biberon des droits et des devoirs ? Osciller entre le laxisme et l’impunité n’est ni l’alpha et l’oméga de tout citoyen français qui se respecte. Remettons de l’ordre dans notre curseur législatif et judiciaire. Un policier qui interpelle un jeune qui lui flanque un cocktail molotov à la figure ne peut comprendre que ce même mineur regagne son domicile moins de 24H plus tard avec un simple rappel à la loi. Nous non plus! Rares sont les comparutions immédiates dans pareilles situations.

Au quotidien, nos forces de sécurité protègent nos vies, au détriment des leurs. Il n’est pas inutile de le rappeler à nos compatriotes. L’immense majorité de nos policiers sont des professionnels exemplaires. Condamnons sans état d’âme et signalons les quelques brebis galeuses qui se sont perdues dans l’institution. Mais comment comprendre qu’une télévision publique, en prime time, diffuse un reportage complet à charge à des fins d’humilier la police ? Cette propagande anti-flics gratuite ne grandit pas ses instigateurs, fragilise la corporation et affaiblit de fait l’autorité de l’Etat.

Union sacrée

Voilà pourquoi, au nom des valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité, j’appelle à l’union de la France, rempart infranchissable face à l’intolérance et la haine, pour que l’histoire ne se reproduise pas.

Cette même histoire qui n’a de sens que si les générations futures se rappellent que l’Horreur et la Haine commencent avec le même H majuscule que l’Histoire ! 

Cette Horreur et cette Haine que nous devons continuer à combattre au quotidien comme nous l’a rappelé le lâche assassinat de Stéphanie. Dans l’enceinte d’un des emblèmes de notre République.

Un de ces lieux symboliques, cibles de ceux qui en veulent à nos traditions et à nos institutions !

Car ils incarnent tout ce que nous ne cesserons de défendre.

L’ordre républicain visé à travers ce commissariat

La liberté de parole attaquée dans les locaux de Charlie

Le message des Lumières attaqué à travers Samuel Paty

La liberté de culte et la laïcité à la française ciblées tant de fois ces dernières années.

Ecoles, commissariats, armées, lieux de cultes, élus … les symboles sont forts !

Mais notre détermination à lutter contre ceux qui veulent changer notre mode de vie n’est pas moins forte.

En ce jour de commémoration nationale sur la Déportation, j’appelle une nouvelle fois à l’union sacrée derrière nos forces de sécurité. Faire Nation ne doit pas être une vaine formule. Mettons nos actes en face de nos mots.

Derrière tous les policiers de France, toutes les fonctionnaires de police qui veillent sur notre sécurité.

Pour défendre notre République,

Pour ne rien céder à l’isolement et au communautarisme consciencieusement entretenus par certaines idéologies radicales, prêtes à nous diviser et à nous priver de notre liberté.

Pour faire en sorte que nos enfants et nos petits-enfants continuent de connaître la paix que nous avons la chance de vivre depuis 76 ans.

Dans ses cours au Collège de France, Émile Durkheim, père fondateur de la sociologie moderne (1858-1917) essaimait : « Plus l’État est fort, plus il libère l’individu ». Notre histoire l’a sans cesse démontré depuis…

Il faut déconnecter départementales et régionales

« La rationalisation escomptée est illusoire. L’organisation simultanée de deux scrutins suppose une logistique gargantuesque ! »

Plusieurs voix s’élèvent pour demander un nouveau report des élections départementales et régionales prévues en mars prochain à 2022. D’autres, comme mon ami Gérard Larcher, s’y opposent vigoureusement, rejoignant en cela la position du sage Jean-Louis Debré. Mais pour nous, maires de Génération Terrain, l’enjeu le plus important est surtout de déconnecter ces deux élections.

En farouches républicains, nous ne nous résignons pas à accepter comme une fatalité l’abstention massive qui frappe nos scrutins depuis de nombreuses années. Disons-le solennellement, une élection est une chose sérieuse. Quel temps de campagne, déjà amputé par la crise sanitaire, restera-t-il aux candidats, logiquement inaudibles aujourd’hui ? La démocratie suppose un principe d’équité et il sera, nous le savons déjà, fragilisé.

A cela, voudrait-on rajouter la confusion sur le fond ? Les messages seront complètement brouillés tant les deux scrutins, que l’on souhaite juxtaposer, sont différents ! Départements et régions occupent une place essentielle, mais méconnue, dans la gouvernance de notre pays, en matière sociale, d’éducation, de transports et de formation professionnelle par exemple. L’organisation administrative de la France et toutes ses subtilités demeurent souvent un grand mystère pour nombre de nos concitoyens.

Une élection a vocation à être aussi un moment de pédagogie. L’élection départementale relève d’enjeux de proximité et peut constituer, en fait, le troisième tour des municipales. L’élection régionale répond à des problématiques plus globales et sert souvent de tour de chauffe à la présidentielle. Et n’oublions pas que les modes de scrutins sont distincts, l’un étant un vote direct uninominal (départemental) et l’autre un scrutin de listes (régional).

Nous demandons donc, et je l’ai dit au président de la République, de déconnecter ces élections, c’est-à-dire de ne pas les tenir le même jour. Et ce, d’autant plus que la rationalisation escomptée est illusoire. L’organisation simultanée de deux scrutins suppose une logistique gargantuesque !

Je suis un faiseur, pragmatique et optimiste, donc, s’il faut le faire, je le ferai. Mais sachons de quoi on parle. Pour une ville comme Poissy, 37 000 habitants, cela implique de mobiliser plus de 270 personnes, à chaque tour. Pour les villes de plus de 80 000 habitants, et il y en a cinquante, cela représente au moins 770 personnes, et même plus d’un millier pour les très grandes. Certaines n’auront pas les ressources ou les locaux, ces derniers devant être doublés, avec des contraintes alourdies pour respecter gestes barrières et mesures sanitaires. La tenue d’une élection repose largement sur des citoyens bénévoles, mais la manière dont les Français s’engagent a changé. On ne milite plus, mais on clique pour adhérer à un parti, et encore ! Les partis modernes sont devenus des mouvements politiques avec peu d’adhérents et encore moins de militants.

L’organisation de ce double scrutin va de plus solliciter des communes déjà fortement mobilisées, parfois avec peu de ressources, et dont les salles des fêtes, habituellement transformées en bureaux de vote, sont parfois occupées pour faire office de centre de test PCR ou de vaccination.

En tant que maires, nous répondrons à la décision finale, mais il faut déconnecter les prochaines élections départementales et régionales. Nous le demandons sans arrière-pensée politicienne. La démocratie ne doit pas être bâclée.

L’État doit reconnaître les collectivités comme des partenaires majeurs

« La crise sanitaire et ses conséquences économiques et sociales amplifient le constat amorcé par le mouvement des Gilets jaunes : il nous faut faire nation. Or les Français voient en leurs édiles les derniers fantassins de la République. L’État doit profiter du moment pour changer de culture et reconnaître les collectivités comme des partenaires majeurs. Il a commencé à le faire avec ‘Action cœur de ville’, programme national qui s’appuie sur des projets portés avec efficacité par les communes.

La preuve par l’exemple : à Poissy, nous avons ouvert un groupe scolaire dans un quartier populaire proche du centre hospitalier dès le 16 mars, veille de confinement, pour y accueillir les enfants du personnel soignant. Nous l’avons fait sans protocole sanitaire écrit : l’Administration ne l’avait pas encore conçu! Mais avec bon sens, en responsabilité et avec la validation collégiale du préfet et du directeur d’académie. Pas un incident, pas une contamination, et un engagement exemplaire de tous au service de nos enfants. Le 5 mai, le président de la République s’est déplacé à Poissy et a pu constater combien cela fonctionnait.

Répondons favorablement à nos concitoyens […] en créant le conseiller territorial, unique et identifiable

Dans le même état d’esprit, nous avons transformé une salle des fêtes en centre de consultations puis de dépistage en moins de vingt-quatre heures ; initiative simple, concrète et efficace d’un maire de terrain associé à un médecin généraliste.

C’est le sens de l’Histoire. L’État doit recentrer ses priorités et ajuster son architecture aux réalités d’une France décentralisée. Pour cela, il faut renforcer les libertés des maires, encourager leurs initiatives, stopper la prolifération et l’instabilité normatives qui polluent le quotidien.

Répondons favorablement à nos concitoyens qui demandent plus de clarté dans les institutions en créant le conseiller territorial, unique et identifiable, à la place des deux niveaux existants. Face à l’épidémie, nous avons vu des distributions de masques le matin dans un collège par un conseiller départemental et l’après-midi dans un lycée par un conseiller régional. Question de compétences. De tels exemples sont légion.

La métropole du Grand Paris est une coquille vide 

Ce mandat territorial mutualisé répondrait à une exigence de simplification et de rationalisation, tout en renforçant la proximité à laquelle les Français sont attachés. L’idée n’est pas nouvelle, elle avait été initiée par Nicolas Sarkozy puis vite enterrée par François Hollande. Emmanuel Macron peut être celui qui osera la mettre en œuvre.

Cette réforme territoriale doit intégrer les métropoles régionales. On voit bien que la coexistence de la Région Île-de-France et de la métropole du Grand Paris (MGP) est absurde. Cette dernière est une coquille vide sans périmètre pertinent ni compétences stratégiques.

Composée des nouveaux conseillers territoriaux - moins nombreux -, conciliant la représentation démographique et celle des communes, l’institution métropolitaine serait compréhensible, cohérente et plus économe. Cela irait dans le sens de la nouvelle histoire de France. »

La France ne va pas bien, mais elle va mieux !

« On vous mettrait une Tour Eiffel dans chacun de vos jardins ou sur vos balcons, ça ne suffirait pas encore! En France, vous passez votre temps à vous plaindre, alors que tout ne va pas si mal, mais vous ne vous en rendez pas compte ! De Gaulle vous le disait déjà ». La vérité sort de la bouche des enfants. Et parfois aussi de touristes, amoureux de notre pays, et aujourd’hui interloqués. Ils ne sont pas les seuls.

Depuis plus d’un an maintenant, aux Gilets Jaunes et leurs manifestations pacifistes -et souvent légitimes-, se sont greffés des groupuscules extrémistes sans foi ni loi, « addicts » à la casse, puis en décembre 2019 des « cortèges-syndicats » de protestations entêtées contre la réforme des retraites. A l’arrivée le même constat : on défile, on bousille gratis, on fait grève et on empêche de travailler. Acte 1, acte 2, … acte 54 puis désormais 22ème, 23ème jour de grèves. C’est Koh-Lanta en replay sans totem d’immunité.

La facture est salée pour le contribuable. Les manifestations des Gilets Jaunes ont coûté 2,5 milliards d’euros sur la croissance, le coût de la grève des retraites est estimé à 500.000 millions d’euros par jour. Les commerçants ont vu leurs chiffres d’affaires baisser de 30% les week-ends. Plus de 75.000 salariés ont été contraints au chômage partiel pendant la durée des dégâts. Et que dire de l’état des troupes : les forces de sécurité, polices nationales, polices municipales, gendarmes, militaires, pompiers : fatigués, déboussolés et humiliés semaine après semaine.

Le chameau ne voit pas sa bosse

Dans ce marasme tous azimuts, un sursaut de lucidité obligerait. « Le chameau ne voit pas sa bosse » dit-on sur les bords du Nil. C’est vrai aussi sur nos terres. En France, qu’on le veuille ou non, le système de retraite est le plus généreux d’Europe. L’âge effectif de départ à la retraite est de 63 ans et 4 mois. En Espagne, 65 ans, aux Pays-Bas, 66 ans et 6 mois. En Allemagne, on part en moyenne en retraite à 65 ans et 6 mois. Et actuellement, Outre-Rhin, le syndicat patronal BDA (équivalent du Médef) fait campagne pour repousser l’âge de la retraite à 67 ans ! Même scénario pour les pensions moyennes. Elles sont plus élevées en France qu’ailleurs : 70% par rapport au dernier salaire contre 48% en Allemagne et 28% au Royaume Uni. Tout n’est pas parfait certes, il y a à remettre de la lisibilité au cœur de cette réforme et le gouvernement aurait bon goût de s’y atteler rapidement mais chaque citoyen responsable conviendra que cette mutation vers un système universel n’est pas subite. Elle était bien inscrite dans le programme du candidat Macron en 2017. Ses prédécesseurs avaient conscience de l’urgence de réformer. Ils s’y sont heurtés. Par manque de courage ou de volonté?

Non la France n’est pas le diplômé du dernier rang. Dans ce domaine comme dans d’autres. Quel pays peut se targuer de donner l’accès gratuit aux soins ? La France est le pays d’Europe qui consacre le plus d’argent à la santé avec près de 12% de son PIB, deux points au-dessus de la moyenne européenne. Le reste à charge pour l’usager après traitement des assurances est le plus faible du vieux continent : 7% de la facture chez nous en moyenne, 27% en Suisse par exemple.

Encore une fois, tout n’est pas parfait loin de là. Il y a bien des raisons de réclamer un vrai contrat gagnant/gagnant entre ceux qui décident et ceux qui exécutent. Mais le réflexe idiomatique qui consiste à abîmer, à bloquer l’économie, à partir dans des dérives inacceptables et à salir notre République, n’est pas entendable dans le pays de la liberté, l’égalité et la fraternité.

L’embellie historique de l’emploi

La réalité c’est que notre pays, s’il ne va pas bien, va mieux. En quatre ans, un million d’emplois a été créé. A 8,6% de la population active, le chômage en France est à son plus bas niveau depuis 10 ans. Les impôts baissent, le pouvoir d’achat – si modeste soit-il – augmente.  Cette embellie s’est traduite en 2019 par 260.000 créations d’emplois contre 188 000 en 2018. Nul ne saurait le nier. Et il faudra aller plus loin sur ce champ en façonnant précisément la réciprocité entre les droits et les devoirs. En rappelant qu’au quotidien, comme dans le dictionnaire, le mot « devoir » vient avant le mot « droit ». Tant qu’il y aura un intérêt à rester chez soi plutôt que d’aller travailler, nous générerons frustration, clivage et injustice sociale entre français.

« Il n’y a qu’une fatalité » – déclamait le Général De Gaulle-, « celle des peuples qui n’ont pas assez de force pour se tenir debout et qui se couchent pour mourir. Le destin d’une nation se gagne chaque jour contre les causes internes et externes de destruction, par la volonté ! ».

Ces touristes avaient raison. De Gaulle nous le disait déjà !

La thérapie du mal de maires : la tolérance zéro !

C’est l’affaiblissement du lien social et l’absence de réaction face au désordre qui favorisent le développement de la délinquance et l’irrespect croissant à l’égard de l’autorité publique en général et des maires en particulier.

Menaces, injures, dégradations, graffitis, dépôts sauvages, occupation de l’espace public, consommation et vente publique d’alcool ou de drogue, mendicité, rodéos sauvages, street-pooling (dernière invention à la mode qui consiste à ouvrir les bouches incendies pour les transformer en douches et jets d’eau), … provoquent un sentiment d’insécurité chez les riverains et d’impunité chez les voyous. Et dans ce royaume de l’incivilité généralisée, les petits rus font aussi les grandes rivières.

Les tags sur l’Arc de Triomphe en novembre dernier sont l’expression même d’un pays qui pâtit d’un laxisme de l’autorité de l’Etat depuis des années. Et il faut bien l’avouer, la classe politique sans exclusive, traine comme un boulet le lourd fardeau de cet attentisme qu’elle porte en bandoulière au fil du temps sans pouvoir ou sans vouloir y apporter les réponses concrètes d’une République digne de ce nom.

Les maires réduits à des prestataires de service

Dans nos villes, villages ou bourgs, qui est systématiquement mais injustement montré du doigt pour son incapacité à répondre efficacement et immédiatement à ces actes délictueux? Le maire bien sûr, coupable de tous les maux. En a-t-il seulement les moyens ? La réponse est dans la question. Le maire, officier de police judiciaire, oui ; délégataire de l’autorité de l’Etat, oui… Sur le papier. Pas sur le terrain.

Aujourd’hui notre fonction est bien plus celle d’un prestataire de services de l’Etat qu’un dépositaire de son autorité. Chaque année, les transferts de compétence de l’Etat vers les collectivités augmentent sans concertation, sans aucune correspondance avec les moyens nécessaires pour honorer ces nouvelles injonctions : traitement des cartes d’identité et des passeports, traitement des PACS (hier confiés au tribunal d’instance), collecte des données du recensement pour le compte de l’INSEE, etc… Sur la seule ville de Poissy, un surcoût total des décisions de l’Etat de 500.000 euros sur une seule année, compensations incluses. Les maires font face, avalent les couleuvres, malgré des conditions d’application et de qualité de travail des agents de plus en plus compliquées, mais avec ce souci de la bienveillance et de la gestion rigoureuse du service public. En rendant des budgets équilibrés systématiquement, très souvent sans augmenter la pression fiscale locale (malgré les dotations de l’Etat qui continuent de chuter) et sans baisser le niveau de service à la population. Parce que c’est ça être maire, un engagement sans limite, de l’enthousiasme avant toute chose, une fonction hors-norme, à plein temps, qui dépasse -et de loin- le tour des cadrans.

Le maire, dépositaire de l’autorité de l’Etat, une belle littérature.

Un exemple péremptoire dans ma commune. L’arrivée du Paris Saint-Germain sur le site de Poissy pour y construire son futur centre d’entrainement sur 74 hectares. En juin 2017, 16 caravanes de Rom y ont pris place illégalement. Je me suis déplacé avec le Sous-Préfet d’arrondissement en personne le soir même de leur arrivée. Nous avons respecté à la lettre nos devoirs (diagnostic social, sanitaire,..). Nous avons déposé plainte. Les Roms, passés de 30 à 80, ont été expulsés judiciairement et administrativement à l’automne, soit plus de 4 mois plus tard… en laissant le soin à l’autorité publique de libérer quelques centaines de tonnes d’immondices et de dépôts, et au contribuable de régler une facture d’environ 800.000 euros… Finalement les CRS étant pris par ailleurs, ce sont les policiers du commissariat et les policiers municipaux de la ville qui se sont chargés de l’expulsion.  Le maire a une réactivité et une expertise avec ses équipes de terrain que l’Etat pourrait officiellement lui confier. Dans un acte gagnant/gagnant de décentralisation devenu indispensable.

La théorie de la vitre brisée.

Cette future étape pourrait s’inscrire dans un plan national de prévention des risques urbains : lutte contre la drogue, démantèlement des trafics d’armes, lutte contre la délinquance juvénile, traitement de la violence familiale, atteintes à la qualité de vie, lutte contre l’incivisme (dépôts sauvages, rodéos motos, street-pooling, saleté, déjections canines, nuisances sonores…). En dehors de la lutte contre la drogue ou les trafics d’armes, toutes ces thématiques pourraient être placées sous la responsabilité directe et exclusive des maires.

Mais il nous faut aussi un traitement de cheval. La seule thérapie qui vaille pour soigner ce « mal des maires » sans précédent. La Tolérance Zéro. C’est ce que nous attendons. Dans les actes, pas seulement dans les mots. Sur le modèle de la « théorie de la vitre brisée » que la ville de New-York a mise en pratique sous l’ère Rudolph Giuliani, maire de New-York (1994-2001). Quand une vitre brisée dans un immeuble n’est pas réparée, toutes les fenêtres seront bientôt cassées. Une fenêtre non réparée envoie le signal que personne n’a rien à faire de la situation et que casser plus de fenêtres ne coûte rien. Entre 1994 et 2000, la criminalité a baissé de 57% à New-York. L’incivisme avec.  A chaque incivilité, une sanction. A chaque menace, à chaque injure, une amende. Dissuasive. Sans aucun d’état d’âme. On est très loin ici des 68 euros forfaitaires de verbalisation pour un dépôt sauvage sur le domaine public. Et encore, faut-il que l’auteur soit pris en flagrant délit ! Ce n’est pas le cas tous les jours.

Jean-Mathieu Michel y a laissé sa vie et 36 années d’engagement à l’endroit de ceux qu’il servait. Avec son départ, ce sont 35.000 écharpes qui ont perdu de leur éclat. Entre infinie tristesse et infinie colère. Le mal de maires…