Il faut déconnecter départementales et régionales

« La rationalisation escomptée est illusoire. L’organisation simultanée de deux scrutins suppose une logistique gargantuesque ! »

Plusieurs voix s’élèvent pour demander un nouveau report des élections départementales et régionales prévues en mars prochain à 2022. D’autres, comme mon ami Gérard Larcher, s’y opposent vigoureusement, rejoignant en cela la position du sage Jean-Louis Debré. Mais pour nous, maires de Génération Terrain, l’enjeu le plus important est surtout de déconnecter ces deux élections.

En farouches républicains, nous ne nous résignons pas à accepter comme une fatalité l’abstention massive qui frappe nos scrutins depuis de nombreuses années. Disons-le solennellement, une élection est une chose sérieuse. Quel temps de campagne, déjà amputé par la crise sanitaire, restera-t-il aux candidats, logiquement inaudibles aujourd’hui ? La démocratie suppose un principe d’équité et il sera, nous le savons déjà, fragilisé.

A cela, voudrait-on rajouter la confusion sur le fond ? Les messages seront complètement brouillés tant les deux scrutins, que l’on souhaite juxtaposer, sont différents ! Départements et régions occupent une place essentielle, mais méconnue, dans la gouvernance de notre pays, en matière sociale, d’éducation, de transports et de formation professionnelle par exemple. L’organisation administrative de la France et toutes ses subtilités demeurent souvent un grand mystère pour nombre de nos concitoyens.

Une élection a vocation à être aussi un moment de pédagogie. L’élection départementale relève d’enjeux de proximité et peut constituer, en fait, le troisième tour des municipales. L’élection régionale répond à des problématiques plus globales et sert souvent de tour de chauffe à la présidentielle. Et n’oublions pas que les modes de scrutins sont distincts, l’un étant un vote direct uninominal (départemental) et l’autre un scrutin de listes (régional).

Nous demandons donc, et je l’ai dit au président de la République, de déconnecter ces élections, c’est-à-dire de ne pas les tenir le même jour. Et ce, d’autant plus que la rationalisation escomptée est illusoire. L’organisation simultanée de deux scrutins suppose une logistique gargantuesque !

Je suis un faiseur, pragmatique et optimiste, donc, s’il faut le faire, je le ferai. Mais sachons de quoi on parle. Pour une ville comme Poissy, 37 000 habitants, cela implique de mobiliser plus de 270 personnes, à chaque tour. Pour les villes de plus de 80 000 habitants, et il y en a cinquante, cela représente au moins 770 personnes, et même plus d’un millier pour les très grandes. Certaines n’auront pas les ressources ou les locaux, ces derniers devant être doublés, avec des contraintes alourdies pour respecter gestes barrières et mesures sanitaires. La tenue d’une élection repose largement sur des citoyens bénévoles, mais la manière dont les Français s’engagent a changé. On ne milite plus, mais on clique pour adhérer à un parti, et encore ! Les partis modernes sont devenus des mouvements politiques avec peu d’adhérents et encore moins de militants.

L’organisation de ce double scrutin va de plus solliciter des communes déjà fortement mobilisées, parfois avec peu de ressources, et dont les salles des fêtes, habituellement transformées en bureaux de vote, sont parfois occupées pour faire office de centre de test PCR ou de vaccination.

En tant que maires, nous répondrons à la décision finale, mais il faut déconnecter les prochaines élections départementales et régionales. Nous le demandons sans arrière-pensée politicienne. La démocratie ne doit pas être bâclée.

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