Parue dans le JDD le dimanche 8 avril 2023
Les maires de France sont les personnalités politiques préférées des Français. Reconnus comme les meilleurs capteurs de terrain, ils sont la clé de l’apaisement du pays. Et pourtant, les démissions des édiles s’accumulent, lassés par les menaces et insultes qui ne cessent de s’abattre sur eux, et la dépossession constante des compétences des villes qu’ils dirigent. Oui il faut sauver le soldat maire en l’intégrant pleinement dans le processus démocratique.
La cote d’alerte est atteinte. Depuis les élections municipales de 2020, 1293 maires ont démissionné de leur mandat, soit près de 40 chaque mois en moyenne. La trajectoire inquiète. Plus d’un maire sur trois dit avoir déjà été victime de menaces ou d’injures (Cevipof – novembre 2022). 63,1% ont déjà senti le souffre de l’incivilité : de l’impolitesse à l’agression. Ce sont 10 points de plus qu’en 2020. La sidération de la disparition brutale en 2019 de Jean-Mathieu Michel, maire de Signes, a laissé place à un découragement accru de ses 35.000 pairs.
« Les collectivités locales sont devenues des caisses d’enregistrement et les maires, des guichetiers du quotidien ! »
Ce désengagement trouve aussi son explication dans le désossement des compétences qu’ils exerçaient jusqu’en 2016, au profit des intercommunalités. Exit la gestion de l’urbanisme par les communes, de la propreté urbaine, parfois du logement, etc… Avec comme résultat -majoritairement, l’exact contraire de l’objectif escompté. C’est désormais plus cher, moins réactif et moins efficace. Mais aussi illisible pour le citoyen, le chef d’entreprise ou le président d’association.
Et que dire de l’autonomie fiscale qui fond comme neige au soleil alors que le Conseil constitutionnel ne cesse de rappeler : « Les collectivités territoriales bénéficient de ressources dont elles peuvent disposer librement dans les conditions fixées par la loi ». (article 72-2 de la Constitution). La substitution progressive de la fiscalité locale en parts d’impôts nationaux a distendu le lien qui existait entre les collectivités territoriales, pourvoyeuses de services à la population et aux entreprises (rapport 2023 de la Cour des comptes : la décentralisation, 40 ans après) et les bénéficiaires de ces services.
Les maires, personnalités politiques préférées des Français (60% sondage Odoxa), ne se plaignent pas. Ils veulent tout simplement être utiles à l’échelon national comme ils le prouvent chaque jour dans leur ancrage local. La semaine dernière, Bruno Toussaint, maire de Saint-Dié-des-Vosges a scellé un accord en conseil municipal entre la ville et les chasseurs : ouverture de la chasse le dimanche matin, interdiction l’après-midi. Un compromis qui satisfait les promeneurs comme les chasseurs. Comme souvent l’exemple vient des territoires. Voilà ce dont sont capables nos fantassins de la République. Des solutions à chaque problème, adaptées aux réalités locales, qui font consensus, là où trop souvent les problèmes gomment chaque solution et où les décisions créent crispation et incompréhension chez ceux à qui elles sont imposées.
Qu’ils redonnent du souffle au Parlement
A l’heure où les fractures sociale et politique se creusent de jour en jour, il est grand temps de reconsidérer le rôle et le pouvoir des maires, clés de l’apaisement de notre pays. La réforme des institutions des prochains mois ouvre le champ des possibles de cette urgence démocratique. Sachons- la saisir en permettant à nos maires de redonner du souffle au parlement en leur permettant d’y siéger par exemple. En mettant enfin en œuvre la décentralisation que tant appellent de leurs vœux.
Redonnons du pouvoir aux élus locaux. Appuyons nous sur les initiatives locales pour libérer les possibles, faciliter les réalisations, s’exonérer des lourdeurs administratives. Les maires doivent enfin par des actes- être considérés comme des acteurs majeurs de notre démocratie et non de simples exécutants de celle qu’on leur impose.
Liste des signataires* :
Karl OLIVE (Député des Yvelines – Renaissance) ;
Damien ABAD (Député de l’Ain – Renaissance) ;
Sabrina AGRESTI ROUBACHE (Députée des Bouches du Rhône – Renaissance) ;
Julien AGUIN (Maire de Voisenon – UDI) ;
Catherine ARENOU (Maire de Chanteloup les Vignes – Divers droite) ;
Xavier BATUT (Député de Seine-Maritime – Renaissance) ;
Pierre BEDIER (Président du Conseil départemental des Yvelines – Les Républicains) ;
Philippe BENASSAYA (Vice-Président des Yvelines – Les Républicains) ;
Sandrine BERNO DOS SANTOS (Maire de Poissy – Les Républicains) ;
Sonia BRAU (Maire de Saint Cyr l’Ecole – UDI) ;
Guy BRICOUT (Député du Nord – LIOT) ;
Guillaume BOUDY (Maire de Suresnes – Les Républicains) ;
François BOUCHART (Maire de Roissy en Brie – Divers droite) ;
Toine BOURRAT (Sénatrice des Yvelines – Les Républicains) ;
Bernard BUIS (Sénateur de la Drôme – Renaissance) ;
Michel CANEVET (Sénateur du Finistère – Union centriste) ;
Alain CAZABONNE (Sénateur de Gironde – Mouvement Démocrate) ;
Hervé CHARNALLET (Maire d’Orgeval – Horizons) ;
Laurent CROIZIER (Député du Doubs – Mouvement Démocrate) ;
Romain DAUBIE (Député de l’Ain – Renaissance) ;
Serge DUCLOS (Maire d’Orincles – Renaissance) ;
Philippe FAIT (Député du Pas – de Calais – Renaissance) ;
Pierre FOND (Maire de Sartrouville – Les Républicains) ;
Régine FRANCOIS (Maire de Goupillières – Sans étiquette) ;
Jean – Pierre GRAND (Sénateur de l’Hérault – Horizons) ;
Nadine GOHARD (Maire de Thiverval-Grignon – Sans étiquette) ;
Anne GRIGNON (maire de Levis saint Nom – Mouvement Démocrate) ;
Jean-Baptiste HAMONIC (Maire de Villepreux – Mouvement Démocrate) ;
Xavier HAQUIN (Maire d’Ermont – Les Républicains) ;
Marc HERZ (Maire d’Ecquevilly – Sans étiquette) ;
Xavier IACOVELLI (Sénateur des Hauts-de-Seine – Renaissance) ;
Josette JEAN (Maire de Condé sur Vesgre – Divers droite) ;
Luc LAMIRAULT (Député d’Eure et Loir – Horizons) ;
Michel LAUGIER (Sénateur des Yvelines – UDI) ;
Nicole LE PEIH (Député du Morbihan – Renaissance) ;
Françoise LECOUFLE (Maire de Limeil-Brévannes – Les Républicains) ;
Stéphane LENORMAND (Député de Saint Pierre et Miquelon – LIOT) ;
Jean – François LONGEOT (Sénateur du Doubs – UDI) ;
Jean-François LOVISOLO (Député du Vaucluse – LIOT) ;
Hervé MARSEILLE (Sénateur des Hauts – de Seine – UDI) ;
Eric MENASSI (Maire de Trèbes – Parti Socialiste) ;
Nicolas METZDORF (Député de la Nouvelle-Calédonie – Renaissance) ;
Vincent MIGEON (Conseiller municipal de Saint Germain en laye – Sans étiquette) ;
Laure MILLER (Députée de la Marne – Renaissance) ;
Benoît MOURNET (Député des Hautes – Pyrénées – Renaissance) ;
Hubert OTT (Député du Haut-Rhin – Mouvement Démocrate) ;
Nicolas PACQUOT (Député du Doubs – Renaissance) ;
Cédric PEMBA – MARINE (Maire du Port Marly – Mouvement Démocrate) ;
Philippe PEMEZEC (Sénateur des Hauts-de-Seine – Les Républicains) ;
Patrice PERROT (Député de la Nièvre – Renaissance) ;
Bruno POMART (Maire de BELFLOU – Sans étiquette) ;
Sébastien POPULAIRE (Maire de Touillon – et – Loutelet – Sans étiquette) ;
Florence PORTELLI (maire de Taverny – Les Républicains) ;
Daphné RACT – MADOUX (Sénatrice de l’Essonne – Mouvement Démocrate) ;
Isabelle RAUCH (Députée de la Moselle – Horizons) ;
Robin REDA (Député de l’Essonne, ancien maire de Juvisy en Brie – Renaissance) ;
Charles RODWELL (Député des Yvelines – Renaissance) ;
Mickael SZERMAN (conseiller municipal de Charenton le Pont – Sans étiquette) ;
Didier THEVENET (Maire de la Clusaz – Sans étiquette) ;
Patricia TORDJMAN (Maire de Gentilly – Parti communiste français) ;
Stéphane TRAVERT (Député de la Manche – Territoires de Progrès) ;
David VALENCE (Député des Vosges – Parti Radical) ;
Frédéric VALLETOUX (Député de Seine et Marne – Horizons) ;
Arnaud VEDIE (Maire de Périgny – sur – Yerres – Divers droite) ;
Corinne VIGNON (députée de la Haute Garonne – Renaissance) ;
Lionel VUIBERT (Député des Ardennes – Renaissance) ;
Eric WOERTH (député de l’Oise – Renaissance) ;
Jean – Marc ZULESI (Député des Bouches – du – Rhône – Renaissance)