Le 26/05/2023
Le bien commun, l’intérêt général ou le « bonheur de tous », énoncé dans le préambule de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, constituent l’essence même de notre République. C’est un état d’esprit, celui de vouloir vivre ensemble, d’embrasser une destinée commune, par-delà nos différences et nos singularités, par-delà nos intérêts individuels ou nos divergences de vues.
Ce pacte républicain se fonde sur la démocratie. Par nos suffrages, nous nous fixons des règles communes de fonctionnement social. Fruits d’une expression majoritaire, ces règles deviennent celles de tous. Partagées et acceptées, elles nous permettent de faire société et de nous protéger des affrontements d’intérêts communautaires et contradictoires, dont l’issue est soit l’anarchie, soit la dictature, c’est-à-dire la confiscation de la société au bénéfice de quelques-uns.
Ce pacte républicain est aujourd’hui abîmé, maltraité par une société oublieuse de son histoire et dominée par l’instantanéité, par une société fissurée par l’omniprésence médiatique de minorités contestataires persuadées de détenir la vérité et moralisatrices au point d’en devenir autoritaires et violentes, par une société où l’intérêt individuel prend le pas sur le collectif et l’intérêt général.
Refus du processus démocratique
Jamais nos lois et règlements n’ont laissé une aussi large place à l’expression des opinions avant que ne soit prise une décision d’intérêt général : concertations publiques, consultations publiques, enquêtes publiques, etc. Pourtant, jamais nous n’avons vu autant de phénomènes de violence, qui ne sont rien d’autre que le refus du processus démocratique arrivé à son terme.
Un territoire se dote d’un ouvrage pour sauver son agriculture face à la sécheresse, et Sainte-Soline (Deux-Sèvres) devient le théâtre d’affrontements inacceptables ; le législateur – à l’issue de plusieurs semaines de débats – adopte la réforme des retraites, et les mouvements sociaux sont pris en otage par des casseurs jusqu’à l’indignité du 8 mai, où des débordements inacceptables se sont produits en marge d’une manifestation à Lyon ; une commune, Saint-Brevin (Loire-Atlantique), au terme d’une longue procédure administrative, accepte l’implantation d’un centre d’accueil, et l’on brûle la maison de son maire !
En 1960, des hommes visionnaires eurent le courage de construire le barrage de Serre-Ponçon, dans les Hautes-Alpes, allant jusqu’à déplacer un village, pour assurer la sécurité énergétique et économique de toute une région. Qu’en serait-il aujourd’hui ?
Les maires, ces fantassins de la République, ces chevilles ouvrières du pays, sont quotidiennement vilipendés, agressés au point de renoncer à une mission qui leur a été confiée en toute légitimité par leurs concitoyens.
Le président de la République est victime de caricatures abjectes et d’une violence telle qu’on ne saurait les tolérer au titre d’une liberté d’expression totalement dévoyée au profit d’actes qui s’apparentent à une forme de terreur. Ses proches, du seul fait de leurs attaches familiales, sont violemment pris pour cible, comme cela a été le cas à Amiens, où un petit-neveu de Brigitte Macron a été agressé le 15 mai. Mais comment s’en étonner, quand des élus irresponsables soufflent sur les braises, à l’image de ce conseiller régional qui s’est livré à un véritable appel à la haine contre le président, en faisant référence à la décapitation de Louis XVI !
Toutes nos institutions républicaines sont aujourd’hui remises en cause par des éléments radicaux et des minorités qui considèrent leurs intérêts catégoriels comme supérieurs. De l’hémicycle de l’Assemblée nationale aux salles de nos conseils municipaux, la solennité indispensable à l’exercice serein de la démocratie est bafouée. La distance et les corps intermédiaires qu’exige l’exercice d’un pouvoir démocratique équilibré s’effacent au profit d’une contestation violente.
Le désordre et l’immobilisme sont les seules promesses funestes de ces mouvements radicaux et minoritaires qui nous fracturent, nous divisent, nous opposent.
Voix de la France silencieuse
L’immense majorité de nos concitoyens, silencieuse, responsable et modérée, refuse cette dérive violente de notre société et n’aspire qu’à construire sa vie dans la paix sociale. Nous demandons sans cesse à l’Etat de réagir, mais nous, acteurs politiques et citoyens, mobilisons-nous collectivement et individuellement pour faire entendre la voix de cette France silencieuse.
Démontrons notre capacité à nous indigner pour condamner fermement l’agression de Yannick Morez, maire de Saint-Brevin, et, au-delà de cette indignation, démontrons notre capacité à défendre ensemble notre belle République. Cette belle République nous a été transmise, au fil des siècles, par des hommes et des femmes de valeurs et de convictions.
Il nous appartient d’en réaffirmer les principes fondateurs pour la transmettre à notre tour aux générations qui nous suivent, afin que nos enfants puissent continuer à vivre dans une France de paix et de liberté.
Si l’indignation doit être notre réaction individuelle et collective, la réaffirmation et le respect de nos institutions et de celles et de ceux qui les incarnent nécessitent une réponse forte et sans concession. La violence veut mettre à terre la démocratie. Réagissons avec des réponses législatives fortes. Un choc pénal s’impose, fondé sur des sanctions renforcées, exemplaires et effectives, car ce sont les fondations mêmes de notre République et de notre société qui en dépendent.
Jean-François Lovisolo et Karl Olive députés